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Six volontaires dans un bunker, expérience de Ian Robbins
Au début des années 50, le neuropsychologue Hebbs fit une expérience à l'université de McGill de Montréal. Il paya 20 dollars par jour à 63 étudiants qui devaient en échange rester dans un état de privation sensorielle. Les observations réalisées servirent par la suite de base aux recherches de la CIA sur des nouvelles formes de torture. Aujourd'hui, cette technique est largement utilisée dans ce domaine (ex: Guantanamo [01] ou Supermax [06]), souvent combinée à d'autres traitements (qui s'apparentent en général à une surcharge de stimuli : sons violents, coups, électrochocs, drogues, etc.). Ce double conditionnement permet de faire régresser le sujet jusqu'à en faire pratiquement un nourrisson. Étrangement, la privation sensorielle est depuis peu aussi utilisée dans le champ médical, lorsqu'il est question de soigner des patients ayant reçu des chocs violents, par exemple.
De quoi s'agit-il ? Le sujet est confortablement allongé dans une chambre noire, climatisée et insonorisée. Ses bras et ses mains sont placés dans deux tubes de carton afin de l'empêcher de se toucher, «Â court-circuitant ainsi l'image qu'il a de lui-même » (Ewen Cameron, chercheur mandaté par la CIA) [20]. Il porte en plus, si nécessaire, des lunettes noires, des bouchons dans les oreilles et un casque diffusant un bruit-blanc. Il ne doit ni parler ni bouger, sauf pour aller aux toilettes et prendre ses repas. En ne fournissant au sujet aucune information sur l'heure et la date et en brouillant l'organisation des repas, on peut lui faire perdre presque toute notion d'espace-temps (sauf en ce qui concerne ses souvenirs).
La même expérience a été réitérée en 2008 par le psychologue britannique Ian Robbins et a confirmé les résultats. Les sujets testés n'ont pas tenu plus que deux ou trois jours. Au bout de 12 heures, on a pu commencer à observer les effets du conditionnement sur la personne : «Â baisse des capacités intellectuelles et motrices, perturbation émotionnelle, hallucination. [...]. Il semble que le cerveau, à défaut de pouvoir traiter des informations réelles, soit peu à peu submergé par ses propres productions spontanées. » [23].