niak2
Gated communitie, Plano, Texas (USA)
Les gated communities sont des ensembles privés sécurisés (quartiers, villes...), qui abritent une sorte de société idéale, maitrisée et propre. Il existe aussi des communautés moins extrêmes et ouvertes, mais définies par un règlement commun, un style architectural (ex : Celebration), une entrée unique... Outre les logements, les grandes gated communities proposent des espaces communs de loisirs, de shopping et même des hôpitaux, des écoles, etc. Ce n'est donc pas la même chose que l'isolement d'une famille ou d'un particulier dans sa propriété privée sécurisée.
Le phénomène des gated communities est déjà ancien. Ce qui est frappant aujourd'hui, c'est que son augmentation traduit un intérêt croissant de la part de personnes de toutes origines et catégories sociales pour ce système. C'est le cas particulièrement en Amérique du Nord et du Sud. Tous les gens «Â normaux » ont désormais accès à ce type de logement.
Ces communautés fleurissent avant tout dans les métropoles dangereuses ou, plus généralement, là où les inégalités sociales sont fortes.
Trois raisons principales poussent les gens à y habiter : la sécurité, le style de vie, le prestige [07].A l'abri, ils se créent une image valorisante d'eux-mêmes.
Ces communautés sont souvent organisées autour d'un thème : site naturel (mer, montagne...), univers imaginaire (célébration...), style architectural (le moyen-âge), service (internet haut-débit...), équipement collectif (golf, aéroport)... Cela permet de vendre l'idée d'un esprit de communauté. Aux critères de goût s'ajoute naturellement la sélection par ethnie, couleur de peau, milieu social. Chaque individu désire trouver une société adaptée à son profil. Chaque communauté désire posséder son propre territoire fermé. Devenir propriétaire de son propre idéal. Ces populations homogènes se regroupent ainsi en cibles marketing idéales.
Il faut fuir la ville, fuir les autres. Se préserver de la majorité. Dans ces sociétés créées de toutes pièces les gens abandonnent l'anonymat des villes. Chaque voisin est un ami, il n'y a plus de frontières. Une nature saine purifie les espaces vides. Leurs biens, leurs familles, leurs corps sont en sécurité. La routine est assurée.
Des règlements parfois très stricts permettent de préserver l'idéal qu'on a acheté (normes de propreté, style du mobilier visible depuis l'extérieur, nombre d'animaux domestiques admis, horaires des visites...).
Le contrôle d'accès permet d'identifier chaque membre de la société et de le classer en quatre catégories : résidents, visiteurs, fournisseurs de services et les inadmissibles, ceux qui ne peuvent pas entrer.
En plus des gardiens, de nombreuses caméras «Â en circuit fermé », contrôlées par les habitants eux-mêmes depuis leur poste de TV, assurent la surveillance. Chaque véhicule ou individu inconnu peut être signalé immédiatement à la police.
Les enclos que forment ces quartiers sont la plupart du temps situés en bordure de ville et/ou près d'axes de transports importants (autoroutes, lignes de train, aéroports). En effet, les habitants n'ont aucune raison d'entrer en contact avec leur environnement extérieur direct : il est indésirable et souvent dangereux. Lorsqu'ils veulent sortir, c'est pour se rendre dans un endroit bien particulier (centre commercial, centre de loisirs, travail...). Ce qu'il y a entre deux portes ne compte pas, mais les transports doivent se faire en toute protection. Donc surtout pas à pied. Le contexte ne doit pas exister.
De fait, plus les gens «Â normaux » fuiront leur environnement, plus la population de la ville ouverte sera dangereuse et pauvre, plus l'environnement se dégradera.
Les formes extérieures de ces paradis terrestres sont la plupart du temps austères et décourageantes : hauts murs gris infranchissables. On aperçoit parfois quelques feuilles de la végétation grasse qui berce l'utopie.